Wilderness Adventures

SUR LES PAS DE MON ARRIÈRE-GRAND-PÈRE : CHASSER LE SAMBAR EN AUSTRALIE

STEPHEN, MON GUIDE, M’ACCUEILLE À L’AÉROPORT DE MELBOURNE. NOUS AVONS DEUX HEURES DE ROUTE AVANT D’ARRIVER AU TERRITOIRE DE CHASSE. C’EST L’HIVER MAIS LE CIEL EST DÉGAGÉ ET LE SOLEIL BRILLE, RÉVÉLANT À QUEL POINT LE PARE-BRISE EST COUVERT DE POUSSIÈRE. ÉBLOUI, JE DÉPLIE LE PARE-SOLEIL DU SIÈGE PASSAGER, PROVOQUANT LA FUITE D’UNE ÉNORME ARAIGNÉE. « C’EST JUSTE UNE “ ARAIGNÉE DU CHASSEUR ”, ELLE EST INOFFENSIVE », EXPLIQUE STEPHEN. ELLE EST TELLEMENT GROSSE QUE JE PEUX VOIR SES LÈVRES ARTICULER : « BIENVENUE EN AUSTRALIE ».

SUR LES TRACES DE MON ARRIÈRE-GRAND-PÈRE

Vers midi, nous arrivons chez Stephen et je défais rapidement mes bagages pour me préparer à notre première chasse. Je pars chasser le sambar, un cerf très spécial à mes yeux. Mon arrière-grand-père, Rasmus Havmøller, était un chasseur de gros gibier au royaume de Siam, entre 1914 et 1933. Il a chassé des tigres mangeurs d’homme, des crocodiles, des panthères et le puissant gaur, mais aussi le sambar. La plupart de ses trophées se trouvent dans son musée personnel à Ebeltoft, mais on en trouve également au Musée d’histoire naturelle du Danemark. Mon frère et moi avons hérité du crâne d’un beau spécimen mâle de sambar. C’est la seule raison pour laquelle j’ai commencé à chasser, pour revivre un peu de ce qu’a vécu mon arrière-grand-père à son époque. Et même si je chasse en Australie, et non dans l’ancien royaume de Siam, je chasse le sambar, tout comme mon arrière-grand-père avant moi.

PREMIÈRE SORTIE

En voiture, nous rejoignons un endroit voisin, où des collines ondulantes sont entourées d’éperons rocheux. Il nous reste trois ou quatre heures avant le coucher du soleil, et nous grimpons rapidement sur l’éperon le plus proche. Après 28 heures de vol, je dois faire un effort pour suivre le rythme de Stephen. Spike, un petit terrier, nous a rejoint : c’est un champion pour flairer le sambar sur ces éperons escarpés. Spike s’arrête, la truffe en l’air, et nous indique qu’un sambar se trouve devant nous. Nous ralentissons et découvrons de profondes empreintes, appartenant à trois animaux en train de descendre : nous leur avons fait peur. Nous suivons la dernière trace, mais pas de sambar à l’horizon. Alors que le soleil se couche, nous entendons un renard glapir dans le lointain. Juste au moment où nous allons rebrousser chemin, j’aperçois le renard qui court dans ma direction. J’épaule mon arme alors que l’animal aperçoit Stephen à ma gauche. Il passe à quinze mètres de moi environ en me présentant son flanc et je distingue clairement sa silhouette malgré l’obscurité. Comme j’entends Spike courir dans les feuilles mortes, je laisse le renard partir, mais le chien le prend en chasse. Cet animal qui m’est plutôt familier m’a offert un joli frisson pour cette première sortie. À notre retour, une assiette pleine de steak de sambar nous attend : c’est pour moi le premier repas digne de ce nom en 36 heures.


LE SEUL DANGER AUQUEL FAIRE ATTENTION...

Nous sommes debout avant le lever du soleil. Nous chargeons le bateau dans l’obscurité, et le soleil révèle un petit matin clair et frais lorsque nous arrivons à destination. Notre bateau fait onduler les eaux calmes où se reflètent les montagnes se dressant de chaque côté. Un pélican est là, mais ne semble pas nous remarquer. Des canards colorés s’envolent alors que nous nous hasardons dans une crique étroite, bordée d’arbres et de branchages. « Nous y sommes », murmure Stephen. J’amarre le bateau à un arbre tordu. « Tu pars par là, moi par ici. Si tu tires ou entends un tir, allume la radio et tape dessus deux fois. » Nous vérifions nos radios et après un check, je me retrouve seul. C’est l’hiver, serpents et araignées doivent être en train d’hiberner : les chiens sauvages sont donc le seul danger auquel faire attention. J’ai entendu des rumeurs de disparitions de chasseurs, des meutes de chiens sauvages étant soupçonnées de les avoir assaillis et dévorés. Alors, outre mon arme, je suis aussi muni du dernier couteau A1xb de Fällkniven. Dans le bateau, Stephen m’a raconté que quelqu’un qu’il connaît est tombé sur une chienne sauvage avec ses petits, et qu’il s’en est approché pour prendre des photos. Soudain, la chienne s’est levée et s’est avancée vers lui en grognant et en montrant les dents. Il a commencé à reculer et a remarqué deux chiens sauvages qui s’approchaient, chacun d’un côté. Il a grimpé à l’arbre le plus proche et a appelé à l’aide. Après avoir parcouru une trentaine de mètres dans le bush, je découvre ma première crotte de chien sauvage. Même si elle est sèche, je m’arrête pour regarder autour de moi. Aucun mouvement. J’allume ma radio, vérifie mon couteau et vérifie aussi qu’il y a bien une cartouche dans la chambre, même si j’ai chargé mon arme il y a à peine cinq minutes. Je continue au rythme d’un chasseur à l’arc et scrute à la lunette chaque centimètre de l’éperon rocheux.

CACOPHONIE DANS LA CANOPÉE

Les sambars ont de très grandes oreilles, des radars, comme dit Stephen : ils nous ont entendus amarrer le bateau. Mais ils sont très curieux et restent parfois à vous regarder avant de décamper en réant lorsque vous approchez. Le bush est un endroit très bruyant. Des kookaburras et d’autres oiseaux colorés mettent de l’ambiance au-dessus de ma tête. C’est très difficile de distinguer les différents sons. On entend les cris d’enfant des cacatoès, mais aussi des aboiements. Je frissonne quand j’aperçois la deuxième pile de crottes de chien sauvage : cette fois, elle est assez fraîche. Après environ deux heures, je descend d’un éperon et arrive à une ravine. Je m’approche doucement du bord, espérant détecter un mouvement ou quelque chose qui pourrait ressembler à un cerf brun foncé. Rien. Alors que je repars, deux grandes oreilles apparaissent derrière une grosse branche à terre. Avec ma lunette, je localise la biche sambar juste au moment où elle me présente sa croupe orangée. Je l’entends s’en aller en trottant. C’est un bon début : tout devient plus facile une fois que l’on a aperçu le gibier que l’on poursuit. Je vérifie le vent, il a changé de direction. Je laisse la biche vaquer à ses occupations et commence à escalader un autre éperon à ma gauche. J’entends deux petits grésillements provenant de ma radio. « Aske, je suis 600 mètres au-dessus de toi. Il y a deux chasseurs sur l’éperon à ta droite. Terminé. » « Ça marche. Je continue vers ma gauche. » Stephen m’a donné un collier de chien pour pouvoir me retrouver si je venais à me perdre. Je n’ai pas de réseau et mon GPS, hors ligne, semble penser que je suis au beau milieu du lac. Je pourrais vraiment me perdre : tous les éperons se ressemblent et on fini par être désorienté à force de suivre des traces fraîches.

JE SUIS PERDU... OU PAS

« Cet idiot est juste en face de moi ! Mon dieu. Je vais lui péter les dents... » Voilà ce que j’arrive à comprendre des grésillements de ma radio. Ils ont l’air énervés. Est-ce que ce sont les chasseurs dont Stephen vient de me parler ? Je ne veux pas leur tomber dessus, donc je fais demi-tour et je commence à descendre. Est-ce que c’était de moi qu’ils parlaient ? Je tape ma radio deux fois. Pas de réponse. Je reviens sur mes pas en tapant sur ma radio de temps à autre. Toujours pas de réponse de Stephen. J’arrive au fond d’une ravine envahie par des grandes fougères brunes et vertes. Je ne reconnais pas cet endroit. Est-ce que je suis perdu ? Je tape à nouveau sur ma radio. Pas de réponse. Soudain, quelque chose de gros bouge derrière des buissons, devant moi. J’épaule mon arme et vois une biche sambar en train de courir, vingt mètres devant moi. Je la suis, mais de petites branches me barrent la route. Elle tourne à droite et me présente son flanc. Entre deux arbres, elle est pile dans ma ligne de mire : je tire. La biche sambar tombe à la reverse et glisse entre les deux arbres, immobile. Je dois m’asseoir pour reprendre mon souffle.

UN RETOUR BIEN CHARGÉS

Deuxième jour de mon voyage de chasse de trois semaines, et je viens juste de tirer mon premier sambar. J’ai du réseau, alors j’appelle mon copain Ulrik, qui est en Nouvelle-Zélande. Il aurait dû être ici, en Australie, en train de chasser avec moi, mais il n’a pas obtenu de visa. Il a opté pour la Nouvelle-Zélande à la place, espérant avoir son visa rapidement pour me rejoindre ensuite. Il répond à mon appel sur FaceTime depuis une montagne enneigée de Nouvelle-Zélande. « Non !? C’est dingue. T’es sérieux là ? Mais c’est génial ! » Ulrik est stupéfait et heureux pour moi quand je lui raconte ce qui vient de m’arriver. Je lui montre mon sambar. Sa tête pend vers le bas et lorsque je la tourne vers moi, j’aperçois deux bosses : c’est un jeune mâle. « Félicitations, mon pote. Je suis content pour toi. J’aimerais trop être là », dit Ulrik avant de raccrocher.

Deux signaux sur ma radio. « C’est toi qui a tiré ? », demande Stephen. « Je suis cent mètres au-dessus de toi. Je descends. Tiens-toi prêt, si j’en effraie un, il viendra vers toi. » Dix minutes passent et j’aperçois une biche sambar sortir du même endroit que le cerf que j’ai tiré. Elle prend le même chemin, voit le cerf au sol et détale. Je l’ai en ligne de mire dès le début, mais il faut encore emporter la viande du cerf, ça ne sert à rien de la tirer. Stephen me rejoins au moment où j’installe une lame affûtée sur mon couteau Hunttech à lame amovible. « On est pas là pour baiser des araignées », comme on dit, ce qui se traduit par « pas de temps à perdre ». Stephen m’explique comment découper la viande, à la façon du bush, et nous emportons les pattes arrière et avant, le cœur, les longes, les filets et la tête. Autant vous dire que nous sommes bien chargés : le sambar est le troisième plus grand cervidé au monde, après l’élan et le wapiti. Quand nous arrivons au bateau, je suis claqué.

LE VENT CONTRE NOUS

Nous passons les jours suivants à chercher un sambar mâle plus âgé, mais le temps n’est pas avec nous. Nous avons le vent dans le dos une minute, puis de face celle d’après. Et encore, s’il ne souffle pas d’un côté ou de l’autre. Le seul moment où la vent n’est pas un problème est lorsqu’il pleut. Je reste au sec et au chaud grâce à la membrane HWS de ma tenue Deerstalker, tandis que mes chaussures Pro Hunter Light, très silencieuses, offrent tout le soutien nécessaire pour le trek en montagne. Elles étaient flambant neuves au début du voyage, mais je n’ai pas eu une seule ampoule, alors que normalement j’en ai toujours lorsque je fais de nouvelles chaussures. Même si la chance n’est pas avec nous, nous approchons quelques biches sambars et j’arrive à les attirer à moins de quinze mètres de nous grâce à mon appeau. Une occasion en or pour un chasseur à l’arc comme Ulrik. C’est vraiment dommage qu’il soit coincé en Nouvelle-Zélande. Même s’il a fini par avoir son visa, le pauvre a été testé positif au Covid-19 et doit s’isoler sept jours. La poisse. Mais voir une biche sambar s’approcher à quinze mètres grâce à mon appel est une expérience unique, et je suis impatient de recommencer avec Ulrik et son arc.

SERRE LES FESSES

Nous tombons sur de grandes empreintes et je les suis pendant un bon moment. Aucun sambar à l’horizon. Nous dormons dans une petite hutte au bord d’une rivière : aucun réseau, juste un ciel étoilé et le rugissement de l’eau. La pluie fait monter le niveau d’eau de la rivière, nous devons donc partir avant qu’il ne soit trop tard. La route est raide et boueuse. « Serre les fesses, ça va secouer », me prévient Stephen. Pied au plancher, nous nous engageons sur la route sans regarder derrière nous. Nous montons et finissons par laisser derrière nous la section la plus raide et sinueuse. Le reste est facile. Une fois rentrés, nous passons nos options en revue. Stephen se rappelle avoir vu un gros sambar mâle sur le territoire de chasse d’un ami. Nous décidons de lui rendre visite dans l’après-midi. Nous arrivons à un portail à côté d’une grange. À l’intérieur de la grange se trouve un jeune sambar allongé sur de la paille. Lorsqu’il nous remarque, il décampe et plonge dans un lac tout proche, le traverse à la nage et disparaît. « Je n’avais jamais vu ça », dit Stephen en riant.

MAUVAIS PRESSENTIMENT

Nous prenons Spike avec nous et allons nous asseoir sous un arbre. Le soleil se couche et au bout de vingt minutes, Spike indique avoir flairé quelque chose : une biche débûche. Nous la regardons manger pendant dix bonnes minutes, jusqu’à ce qu’elle s’arrête et regarde à sa droite. Dans mon télémètre El, je vois bouger une silhouette sombre, à 260 mètres de moi. « C’est un mâle », dis-je à Stephen à mi-voix. Pas un gros, mais un jeune à quatre cors. Ce sambar sait où il va : le museau en l’air, il pique un sprint pour rejoindre l’autre côté du champ. À 140 mètres, il s’arrête en m’offrant son flanc, et ma seule occasion de tirer. Je tire, il saute et détale. Mon cœur bat à tout rompre, et je doute de mon tir. Je pense qu’on va y passer la nuit. Nous nous asseyons pour attendre un peu. Il fait presque nuit lorsque nous allons à l’endroit d’où est parti le sambar. Nous voyons ses traces, mais pas de sang. J’ai un mauvais présentiment. Quinze mètres plus loin, nous voyons du sang. Pas beaucoup, mais on dirait du sang pulmonaire. Nous continuons dans des broussailles touffues, en essayant de suivre Spike. Tout à coup, je le vois. Il est mort, et nous nous approchons pour mieux voir. Il est plus gros que mon jeune sambar. Nous le tirons hors des broussailles. « Je vais chercher le tracteur dans la grange. On charge le sambar dans la voiture et on rend le tracteur. Beaucoup plus facile que la première fois », dit Stephen. Ça me va, car nous sommes tous les deux très fatigués d’avoir passé ces derniers jours à chasser. Sur la route du retour, Stephen veut fêter ça. On s’arrête dans un magasin drive-in pour acheter quelques bières, du rhum et du coca. Nous ne chasserons pas demain matin.

HOMMAGE

Nous passons le jour suivant à découper le sambar, avec une légère gueule de bois due à notre célébration. Ce n’est peut-être pas un gros sambar, mais c’est moi qui l’ai tiré. J’ai été bien chanceux, aucun doute là-dessus. Alors que je découpe une longe, je remarque le reflet du sambar dans la mare de sang au sol. On dirait un monde rouge parallèle, une autre époque. Peut-être celle où mon arrière-grand-père rendait hommage avec fierté au sambar qu’il avait abattu, comme je le fais aujourd’hui. Je ressens une certaine connexion, et je suis impatient d’accrocher ce crâne chez moi, à côté de celui hérité de mon arrière-grand-père. Stephen me rejoint alors que je termine et range la viande dans la glacière. « Ulrik arrive demain », me dit-il. « Quoi qu’il arrive, nous aurons bien assez de viande pour notre prochain bivouac avec lui. »

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About the author

Aske Rif Torbensen

Aske has hunted on five continents and worked as a hunting photographer in 21 different countries for private hunters and international hunting brands. His great-grandfather Rasmus Havmøller was a big game hunter in Siam, and his trophies are on display in his museum in Denmark. It is safe to say that hunting is in Aske's blood and a huge part of his heritage.

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